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Après l’arrivée à suspense du vainqueur en temps réel de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, Francis Joyon quelques longueurs seulement devant François Gabart, ce samedi a offert un nouveau duel, celui entre le Guadeloupéen Carl Chipotel et le Haut-Savoyard Olivier Magre ! 139 secondes seulement séparaient les deux Class40 après plus de 26 jours et demi de course… Et après l’arrivée de deux navigatrices,  Morgane Ursault-Poupon et Alexia Barrier, un autre match-race suivait entre Cédric de Kervenoal et Marc Dubos !

© Gilles MOREL #RDR2018

Quel final ! Ils étaient encore trois compères vendredi à 200 milles de l’arrivée : Morgane Ursault-Poupon (Fleury Michon Bio) la plus septentrionale, Olivier Magre (E. Leclerc-Ville La Grand) le plus méridional et le Guadeloupéen Carl Chipotel (Pep’ Gwadloup) au milieu… Tout cela entre le 15° et le 14° Nord car avec ces alizés poussifs, il fallait descendre très en dessous de la latitude de la Guadeloupe pour espérer avoir du souffle. Et c’est donc lors de l’atterrissage sur la Désirade que la hiérarchie a commencé à prendre forme.

Trois options pour finir

Car les trois solitaires ont maintenu leur option jusqu’à la pointe de la Vigie : Carl Chipotel s’est décalé pour passer largement au vent des îles, Morgane Ursault-Poupon a enchaîné deux empannages pour se recadrer dans le sillage d’Olivier Magre qui lui-même, s’est glissé sous la Désirade afin de longer les côtes de la Guadeloupe. Et l’option portait ses fruits puisque le Haut-Savoyard ne concédait que cinq milles au passage de la Tête à l’Anglais alors que la jeune skippeuse était reléguée à une trentaine de milles.

S’engageait alors un véritable duel entre les deux Class40 sous le vent de l’île et Olivier Magre arrivait même à déborder le « local de l’étape » lors du contournement de la bouée mouillée devant Rivière-Sens ! En pleine nuit, éclairée seulement par un petit croissant de lune, les deux solitaires naviguaient à vue quand il fallut embouquer le canal des Saintes. Et alors que le Guadeloupéen choisissait comme la plupart de ses prédécesseurs, de tirer un grand bord vers l’archipel des Saintes, Olivier Magre optait pour un louvoyage entre Vieux Fort et Trois Rivières… Et au final, les deux skippers se retrouvaient étrave dans tableau arrière avec un très léger avantage pour le Haut-Savoyard !

Jusqu’à la ligne d’arrivée, le doute planait quant à savoir qui des deux solitaires allait prendre le dessus alors que les alizés étaient présents malgré la nuit. Les deux Class40 déboulaient sur l’îlet à Cochons, à près de neuf nœuds avec un léger avantage pour Carl Chipotel… qui finalement s’inclinait pour 139 petites secondes

Encore du match-race !

Et derrière aussi ça poussait fort ! Alexia Barrier sur son monocoque IMOCA 4myplanet revenait comme une fusée sur Morgane Ursault-Poupon au niveau de Basse-Terre alors que Cédric de Kervenoal (Grizzly Barber Shop) et Marc Dubos (Esprit Scout) débordaient ensemble la Tête à l’Anglais… Et alors que le soleil commençait à darder fortement ses rayons sur la Guadeloupe, les deux solitaires s’engageaient dans un duel incroyable entre risées descendant de la montagne et calmes régnant au large de Bouillante.

Enfin, ce samedi devrait aussi accueillir le Class40 d’Olivier Roussey (Obportus Gras Savoye) qui concédait environ deux heures de retard sur le duo, puis le Rhum Mono de Nils Boyer (Le choix funéraire) à la nuit tombée… Et l’Italien Andrea Fantini (Enel Green Power) devrait en finir aussi au cœur des ténèbres caraïbes. Il ne restera en mer plus que quatre Class40, cinq Rhum Multi et quatre Rhum Mono attendus entre lundi et la fermeture de la ligne d’arrivée le 7 décembre à 14h00 (heure métropole).

Arrivées du jour (heure locale)

25ème Class40 : Olivier Magre (E. Leclerc-Ville La Grand) le 1er décembre à 05h 15’ 44’’
26ème Class40 : Carl Chipotel (Pep’ Gwadloup) le 1er décembre à 05h 18’ 03’’
27 ème Class40 : Morgane Ursault-Poupon (Fleury Michon Bio) le 1er décembre à 10h 27’ 06
15ème IMOCA : Alexia Barrier (4myplanet) le 1er décembre à 11h 20’ 54’’

Donald Alexander (Class40-Power of One) :
« Je suis venu pour l’aventure et la compétition était secondaire. Et j’ai eu mon lot d’aventures ! Et la course se finit mieux que je ne l’espérais. J’étais 19ème lorsque j’ai traversé le golfe de Gascogne et que j’ai eu un dommage sur la coque. Je suis donc allé à La Corogne pour réparer : au total, j’ai perdu cinq jours. Alors terminer 23ème me rend content. C’était une incroyable aventure car tout ce qui devait être pire a été pire ! Car après le golfe de Gascogne, quand je me suis retrouvé au large des Açores, j’ai encore pris un coup de vent. Alors aujourd’hui, j’ai une bonne expérience du gros temps…»

Emmanuel Hamez (Class40-Teranga) :
« Même si j’ai participé à la Route du Rhum-Destination Guadeloupe il y a quatre ans, le fait d’avoir peu navigué cette année n’a pas contribué à m’inciter à rester en mer, surtout après le mail de la Direction de Course qui indiquait des prévisions très dures. Je ne me sentais pas d’attaquer dès le deuxième jour de course, un golfe de Gascogne en furie. Et quand vous décidez de pousser la barre pour ne pas y aller, c’est difficile dans la tête. Mais au final, je ne regrette pas de m’être arrêté. On s’est quand pris une belle dépression quand on est reparti ! Et finalement, 24ème sur 53 partants en ayant passé une semaine au troquet, c’est pas mal… C’était beaucoup plus intéressant cette année qu’en 2014 et même l’alizé était plus sympathique, plus établi avec moins de grains.

Olivier Magre (Class40-E. Leclerc Ville La Grand) :
« Je n’ai pas encore compris comment j’ai pu dépasser Carl Chipotel : il était devant moi mais il a choisi de tirer de grands bords dans le canal des Saintes alors que j’ai préféré louvoyer le long des côtes de Capesterre. Et je tiens à le remercier parce que cela nous a fait une arrivée pleine de suspense : c’était génial ! On s’est vraiment battu jusqu’au bout… Avec de bonnes rafales de vent parfois. Et j’ai vraiment raser les cailloux le long de la rive Sud de la Guadeloupe, comme en Bretagne ! Et merci à vous tous de m’accueillir avec tant d’enthousiasme. »

Carl Chipotel (Class40-Pep’ Gwadloup) :
« La course n’était pas la partie la plus importante de ce projet autour de la Route du Rhum-Destination Guadeloupe ! Et pourtant, lorsque le départ est lancé, on se prend au jeu ! Malgré les dépressions, j’avais l’impression d’être dans le coup et je me battais pour ça. Mais la troisième dépression m’a fait très mal, surtout au bateau d’ailleurs. J’avais une cloison fissurée, j’avais des voiles déchirées : il fallait que je m’arrête pour réparer. J’ai fait escale à Baïona pendant trois jours avec mon préparateur Mayeul Riflet. Et en repartant, j’ai encaissé une quatrième dépression ! C’était donc difficile, sur le plan physique et mental, mais à aucun moment, il a été question de ne pas finir. J’ai appris à mieux me connaître, à douter, à me battre, à conserver de l’humilité. Mais je suis tellement content d’être là ! »

Morgane Ursault-Poupon (Class40-Fleury Michon Bio) :
« Et bien c’est super ! Et ce tour de l’île, ça se mérite… J’ai vu la Désirade hier mais depuis, je cumule les ennuis : je me suis même prise un casier qui m’a stoppé net. Je m’en souviendrais. Et ça fait 26 jours que j’ai quitté Saint-Malo et il s’en est passé des choses. Je suis super contente d’avoir vécu ces deux dépressions dans le golfe de Gascogne, et une troisième au large du Portugal. Cela m’a permis de m’engager plus forcément avec 45 nœuds et huit mètres de creux : je n’avais jamais vu cela toute seule. J’ai adoré. Et puis il y a eu un beau match final avec Carl (Chipotel) et Olivier (Magre)… »

Alexia Barrier (IMOCA-4myplanet) :
« C’était une course spéciale. Être obligée de s’arrêter pour une panne et finalement l’arrêt dure une semaine…Ensuite, c’est un peu difficile de se re-concentrer, de se remettre dans le match et de se dire qu’il y a une course à courir. Heureusement, il y avait Manu (Manuel Cousin), Romain (Attanasio) et Jérémie (Beyou) qui n’a pas terminé malheureusement. Cela demandait une mobilisation énorme pour ne rien lâcher mais c’était une course magnifique. “Passe ton Rhum d’abord”, je comprends pourquoi maintenant. Et ce matin, sans exagérer, c’était absolument magique de voir le jour se lever sur cette île que je ne connais pas, avec toute la végétation, les couleurs des maisons, c’était vraiment très émouvant. »

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